- Introduction : enjeux stratégiques et contexte
- Qualité des données et puissance technologique : une force européenne
- Sécurité des modèles d’IA : gérer l’incertitude
- Semi-conducteurs et terres rares : enjeux géopolitiques majeurs
- L’Indonésie : une alternative prometteuse
- Gestion des demandes croissantes des datacenters
- Sensibilisation et reconnaissance des solutions souveraines
- Acteurs stratégiques : Mistral AI, les banques et Iliad
- Politique industrielle et intervention stratégique de l’État
- Mutualisation des infrastructures et coopération des acteurs
- Investissements des États et des entreprises du CAC40 : une logique court-termiste
- Conclusion : Vers une souveraineté numérique durable
Introduction : enjeux stratégiques et contexte
À l’occasion de l’événement DIMS 2025, des experts se sont réunis pour discuter des enjeux cruciaux liés à la souveraineté numérique européenne, particulièrement face au développement accéléré de l’intelligence artificielle (IA). La souveraineté numérique implique la maîtrise complète de nos données, des technologies associées et des infrastructures critiques telles que les datacenters.
Qualité des données et puissance technologique : une force européenne
L’Europe possède historiquement une expertise forte dans la gestion et l’exploitation des données industrielles. Ce savoir-faire s’appuie sur un maillage territorial efficace, facilitant l’automatisation industrielle, la maintenance prédictive et la mise en œuvre de solutions basées sur l’IA. Cependant, la montée en puissance technologique exige un investissement croissant dans des infrastructures critiques telles que les datacenters et les réseaux 5G privés.
Sécurité des modèles d’IA : gérer l’incertitude
L’adoption croissante des modèles d’IA génératifs soulève des questions importantes sur la sécurité intrinsèque de ces technologies. Parmi les principaux risques :
- Hallucinations des modèles
- Exfiltration de données
- Biais discriminatoires
- Attaques adversariales
Pour gérer ces risques, le threat modeling devient essentiel, permettant de cartographier les menaces potentielles et d’implémenter des mesures de protection robustes, comme le montre l’exemple concret des chatbots bancaires.
Semi-conducteurs et terres rares : enjeux géopolitiques majeurs
Si les terres rares ne sont pas un obstacle critique, la fabrication et la conception des semi-conducteurs avancés constituent un enjeu stratégique majeur, dominé par des acteurs clés comme TSMC à Taïwan et des investissements massifs en Chine et aux États-Unis. L’Europe, à travers le Chips Act, cherche à assurer son autonomie stratégique en renforçant ses capacités de production locales.
L’Indonésie : une alternative prometteuse
L’Indonésie, riche en nickel et terres rares, attire de nombreux investissements étrangers tels que ceux de Tesla et CATL. Ces investissements positionnent l’Indonésie comme un pivot potentiel dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, réduisant ainsi les dépendances européennes envers des acteurs dominants.
Gestion des demandes croissantes des datacenters
Les demandes accrues en construction et raccordement des datacenters mettent en lumière un défi majeur : l’allocation et la priorisation de l’énergie et des ressources numériques. Le modèle actuel « premier arrivé, premier servi » est incompatible avec les besoins des hyperscalers qui nécessitent de réserver à l’avance une capacité de calcul stratégique. Une gouvernance hybride incluant des critères économiques, écologiques et stratégiques devient essentielle.
Sensibilisation et reconnaissance des solutions souveraines
Lors du DIMS 2025, trois axes principaux ont été proposés pour renforcer la sensibilisation à la souveraineté numérique :
- Labels officiels de souveraineté : Certifier les solutions numériques européennes fiables.
- Campagnes de communication : Informer sur l’importance des infrastructures souveraines.
- Éducation des décideurs : Former les dirigeants aux risques de dépendance technologique et aux alternatives souveraines existantes.
Ces initiatives doivent contribuer à renforcer l’autonomie numérique européenne, en favorisant l’adoption massive de solutions locales.
Acteurs stratégiques : Mistral AI, les banques et Iliad
Des acteurs comme Mistral AI contribuent activement au développement de modèles d’IA adaptés aux besoins spécifiques européens, tandis que les banques européennes intègrent ces solutions pour gérer les risques et améliorer leurs services clients. Par ailleurs, Iliad investit significativement dans les infrastructures cloud locales, renforçant ainsi l’écosystème numérique souverain.
Politique industrielle et intervention stratégique de l’État
Historiquement, l’Europe a privilégié un marché ouvert, misant sur la concurrence et la libre régulation du secteur technologique. Cependant, face à un marché américain largement fermé aux acteurs européens et à une Chine qui soutient massivement ses industries stratégiques, cette approche est aujourd’hui remise en question.
L’évolution rapide des technologies impose une réévaluation du rôle des États dans le soutien aux infrastructures numériques et à la recherche en IA. Comme l’ont souligné plusieurs intervenants lors du DIMS 2025, il devient impératif d’adopter une politique industrielle plus proactive. Cela passe par :
- Un soutien financier accru aux entreprises technologiques locales.
- Une réglementation qui protège les intérêts stratégiques européens.
- La création de partenariats publics-privés pour accélérer le développement des infrastructures critiques.
En intégrant cette vision d’intervention stratégique, l’Europe pourra non seulement réduire sa dépendance aux technologies étrangères, mais aussi renforcer son influence sur l’évolution de l’IA et du numérique.
Mutualisation des infrastructures et coopération des acteurs
Un des défis majeurs identifiés lors du DIMS 2025 concerne la dispersion des moyens et l’incapacité des acteurs européens à réellement mettre en commun leurs ressources. Alors que l’IA et les infrastructures énergétiques nécessitent des investissements colossaux, la multiplication de projets parallèles et isolés ralentit le développement d’un écosystème compétitif.
Pourquoi les entreprises et États européens ne mutualisent-ils pas davantage leurs efforts, notamment dans la construction des datacenters ? Plutôt que chaque acteur déploie ses propres infrastructures, une approche coordonnée permettrait de réduire les coûts, optimiser les ressources énergétiques et garantir une interopérabilité accrue. L’adoption d’une stratégie commune pour l’IA et les infrastructures numériques garantirait également une meilleure compétitivité face aux géants américains et asiatiques, qui bénéficient de politiques industrielles structurées et de synergies fortes entre secteur public et privé.
Investissements des États et des entreprises du CAC40 : une logique court-termiste
Acteur | Investissements | Objectifs |
---|---|---|
États européens | 15 milliards € | Infrastructures nationales isolées |
Entreprises CAC40 | 20 milliards € | Optimisation de rentabilité à court terme |
Ce tableau montre une focalisation sur la rentabilité immédiate, limitant leur implication dans un projet européen commun à long terme.
Conclusion : Vers une souveraineté numérique durable
L’Europe dispose d’atouts incontestables, mais doit relever des défis majeurs dans sa course à l’autonomie technologique. En adoptant une approche coordonnée, acceptant l’innovation et renforçant la gouvernance stratégique des ressources, elle pourra garantir sa souveraineté numérique face aux puissances mondiales.
Rejoignez le débat et contribuez à construire ensemble l’avenir numérique européen !
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